Il est en aéronautique des histoires récurrentes… les accusations anonymes et les procès à charge contre Ryanair en font partie.
En août 2012, plusieurs avions de la compagnie ont émis un appel « Mayday » car ils étaient à court de pétrole lors d’atterrissages en Espagne (ici). Des dénonciations anonymes (et donc sans valeur) ont ensuite « confirmé » les faits, à nouveau étayé fin décembre par un reportage à charge dans l’émission KRO Reporter (télévision néerlandaise) présentant l’interview de 4 pilotes Ryanair une nouvelle fois anonymes (ici).
Il faut premièrement savoir qu’un avion de ligne décolle avec du pétrole pour réaliser le trajet (roulage, vol et procédures de circulation aérienne) augmenté des éventuelles prolongations dues aux conditions météos (parfois, il faut éviter un cumulonimbus !). A cela, on ajoute une réserve de route (5 min d’attente), une réserve « de dégagement » (de quoi aller à deux autres aéroports dits « de dégagement » si le premier est fermé), la réserve finale (de l’essence pour attendre 30 minutes sur l’aéroport de dégagement), à quoi on ajoute encore quelques sécurités (de quoi faire des remises de gaz ou attendre jusqu’à 2 heures au dessus de la destination si l’aéroport est isolé), et enfin une dernière sécurité à la discrétion du pilote (tous les détails sur cette réglementation ici) …
Selon la réglementation, « Le vol avec une quantité de carburant inférieure à la réserve finale est une situation d’urgence. En fonction des conditions elle doit être déclarée avec un message « MAYDAY » […] ». Si des avions de Ryanair ont effectivement fait un appel Mayday, cela signifie qu’il leur restait donc encore plus d’une demi-heure de carburant. Cet appel leur a simplement permis d’atterrir en priorité, ce qui est logique dans ces conditions.
Mais on ne peut pas accuser Ryanair d’avoir négligé la sécurité des passagers : ces avions avaient bien plus de pétrole que le minimum légal. Ils avaient en effet réalisé leur trajet jusqu’à Madrid, attendu sur place une éventuelle réouverture de l’aéroport (fermé pour cause d’orage), étaient repartis vers Valence pour leur déroutement (soit près d’1h de trajet) et avaient encore attendu 1h10 au dessus de Valence lors de leur appel.
On est donc loin des unes des journaux « Trois avions Ryanair atterrissent en urgence » (ici)… On peut peu-être accuser la compagnie de nombreux maux, mais on est loin d’une mise en danger des passagers dans ce cas ! Les médias aiment simplement tout particulièrement taper sur Air France et Ryanair.
Ces informations sont extraites du stage contre la peur de l’avion du Centre de Traitement de la Peur de l’Avion.
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