Il y a 4 mois, un Boeing 777 MH370 de Malaysia Airlines disparaissait entre les espace aériens malaisiens et thaïlandais, et les faits semblent se répéter aujourd’hui : le même type avion, la même compagnie, et là aussi un avion qui cesse toute communication avec le sol de manière instantanée. S’il ne s’agit pas d’une manœuvre volontaire pour devenir « invisible » (ce qui était le cas pour le MH370), il n’y a qu’une seule possibilité : une explosion. Cela fait des décennies que les avions n’explosent plus en vol pour raison technique, et cette option peut donc rapidement être exclue. Reste alors la cause externe : un attentat ou un missile.
Extrait de mon intervention sur le plateau de LCI Soir le 17 juillet
Aucun avion n’a explosé en raison d’une bombe à bord depuis la fin des années 80, et le renforcement récent des procédures de sécurité prouve que les autorités s’adaptent bien à la menace terroriste (voir l’article sur ce sujet). Cette éventualité est donc possible, mais peu probable. Les débris de l’avion, qui sont déja visibles sur toutes les chaînes de télévision, prouvent que les boites noires seront retrouvées rapidement. Cela nous permettra de savoir si l’avion a été touché et à quel endroit, et les débris nous apporteront également des réponses puisque l’origine de l’explosion (intérieure ou extérieure) sera alors identifiable en fonction de la courbure des métaux. Les sources politiques et sécuritaires de part et d’autre affirment que l’avion aurait abattu par un missile.
C’est là que la question se pose : rares sont les systèmes de missiles sol-air capables d’atteindre une altitude de 10 000 mètres d’altitude, altitude à laquelle l’avion volait. Il ne s’agit pas d’une roquette qui se tire depuis l’épaule, comme ce qui est probablement le cas pour les avions militaires Antonov et Sukhoi abattus par les rebelles dans la région dans la dernière semaine, mais plutôt d’un vrai système complexe guidé par radar, ou d’un missile tiré depuis un avion de chasse… et ce type de matériel n’est pas à la portée des rebelles, car peu de nations possèdes système d’arme.
Les séparatistes pro-russes qui sont au pouvoir dans la zone du crash ne sont logiquement pas capables de tirer ce type de missile, à moins que la Russie ne leur ait fourni ce matériel, ce qu’elle nie farouchement, même si un journaliste présent dans la zone il y a quelques temps affirme avoir vu une batterie de ce type aux mains des rebelles. Deuxième option, la Russie aurait tiré elle-même, ce qui est peu probable…
La dernière possibilité est un tir ukrainien, mais cela est peu probable : seule l’Ukraine vole dans cette région puisque les rebelles n’ont pas de force aérienne. En tirant sur un avion dans la région, les ukrainiens abattaient forcément l’un de leurs propres appareils ou un avion civil… ce qui est encore moins probable.
Toute la question réside aujourd’hui dans la capacité des autorités ukrainiennes à atteindre la zone du crash pour mener son enquête puisque les rebelles interdisent l’accès à ce territoire.
Une chose est maintenant sure : cela n’a aucun impact sur la sécurité des vols que vous pourrez prendre demain puisque l’accident n’a a priori pas d’origine technique. Plus que jamais, volez sans crainte, ce n’est pas demain que les rebelles seront équipés de ces systèmes ou qu’un Etat tirera sur un avion civil.
Par contre, les avions de ligne d’El Al sont équipés de contres mesures anti-missile. Pour certaines destinations (proche sahelistan post Khadafi par exemple, avec tous ces SAM perdus certes incapables de tirer un avion a 10km d’altitude mais parfaitement capables en phase d’approche/décollage) ou le survol de zones de conflit (moyen-orient, Ukraine, zones de conflit territorial Chine-Japon…) abondantes dans un monde de plus en plus instable, ce ne serait plus forcément du luxe.
Il va sans doute falloir que le cout de quelques tragédies similaires (ne nous leurrons pas, les avions de ligne abattus c’est comme vous le soulignez désormais le moyen le plus simple de les atteindre vu les controles au départ) fasse évoluer le rapport bénéfice-risque? Surtout que les actes de guerre, les assurances ne couvrent pas. Même si la route directe c’est une économie de carburant.
En effet, les avions d’El Al sont équipés de systèmes antimissiles, mais ceux-ci sont spécifiques aux missiles type MANPAD tirés depuis l’épaule et à visée infrarouge… on serait là sur une guidée radar, si le système en cause est bien le Buk/Grizzly d’origine soviétique, donc les contre-mesures des avions israéliens ne fonctionnement pas dans cette situation.