Le survol des zones maritime est une crainte très fréquente parmi les passagers, et le scénario d’une panne moteur alors que l’on se trouve loin d’un aéroport revient presque à chaque stage. La réglementation limite en réalité les autorisations qu’un avion a de s’éloigner des terres, c’est ce qu’on appelle les qualifications ETOPS pour Etended Range Twin Operations, ces certifications permettant d’estimer la distance sur laquelle un avion est capable de voler avec seulement un seul moteur opérationnel.
Il y a quelques décennies, l’OACI (l’agence de l’ONU chargée de l’aviation) n’autorisait les avions équipés de seulement deux moteurs à s’éloigner que d’une heure et demi des aéroports, seuls ceux dotés de trois ou quatre moteurs pouvaient donc traverser les océans. La fiabilité des systèmes progressant, il est devenu légitime que certains biréacteurs demandent à pouvoir traverser l’Atlantique, et à partir des années 80, de plus en plus d’avions bimoteurs ont demandé et obtenu des certifications leur permettant de s’éloigner de 2h des aéroports, c’est-à-dire d’obtenir une certification ETOPS 120 minutes. Cela signifie que l’avion est capable d’aller se poser en ne disposant que d’un seul moteur alors qu’il se trouve sur une zone située à deux heures de vol si tous les moteurs fonctionnaient.
La carte suivante fait apparaître la durée de vol entre un lieu et un aéroport. Chaque couleur correspond à une durée de vol de 1h d’un aéroport (on a donc moins de 1h, moins de 2h, moins de 3h et plus de 3h). Remarquez la quantité d’aéroports disponibles et le nombre d’îles insoupçonnées sur lesquelles on pourrait se poser… même sur un trajet de l’Europe vers le Brésil, on est toujours à moins de 2h d’un aéroport !
Aujourd’hui, la fiabilité des appareils modernes est telle que même des avions bimoteurs peuvent prétendre à des qualifications encore largement supérieures. Voici les qualifications obtenues pour quelques appareils parmi les plus courants :
– ATR-42 et ATR-72 (des avions turbopropulsés, c’est-à-dire à hélices, photo ci-contre) : ETOPS 120
– Famille des Airbus A320 et Boeing B737 : ETOPS180
– Airbus A330 : ETOPS240
– Boeing B777 et B787 : ETOPS 330
– Airbus A350 : ETOPS 370
Concrètement, cela signifie que cet avion aurait le droit de s’éloigner à plus de 6h de vol d’un aéroport, ce qui lui retire toute restriction et permet de réaliser tous les vols directs possibles sur terre !
Mais la réglementation a aujourd’hui évolué. A l’origine, seuls les appareils bimoteurs devaient obtenir des qualifications ETOPS, mais cette obligation est maintenant étendue à tous les avions depuis février 2015, y compris les quadriréacteurs. Le Boeing 747-8 vient ainsi d’obtenir la qualification ETOPS-330… Accessoirement, rappelons que moins d’un quart des pilotes de ligne partant aujourd’hui à la retraite (et ayant donc commencé à voler dans les années 70) auront connu dans leur carrière un simple problème moteur, sans aller jusqu’à la panne… soyons donc clairs : personne n’imagine qu’un quadriréacteur puisse perdre 3 de ses moteurs en vol. Ces certifications ne sont donc qu’un gage de fiabilité extrême, et dépassent d’ailleurs largement les besoins opérationnels des compagnies aériennes.
ETOPS, qui fut détourné aux débuts en… Engines Turning Or Passengers Swimming!
Pour l’anecdote même si je suis d’accord sur le fond pour la fiabilité des moteurs actuels en règle générale, sur 777 les incidents ont tout de même été assez présents, et pour l’anecdote la perte de 3 moteurs sur 4 pour un 747 s’est tout de même vue a ma connaissance au moins une fois en réalité: Rien n’est donc jamais réellement impossible, juste peu probable.
Mais la perte de plusieurs moteurs est en général plutôt due à un problème qui leur sera externe: Carburant, traverser un vol d’oiseaux ou un nuage de cendres volcaniques sur lequel, qu’il y en ait 2 ou 4, on a toute chances de les perdre tous a peu près en même temps.
Bonjour Lym,
En effet, l’histoire de l’aéronautique est riche en événements, et même la perte de 4 moteurs sur un B747 s’est déja vue lors de la traversée d’un nuage volcanique… l’avion avait alors plané, était sorti du nuage et avait alors pu les rallumer. Heureusement que les moteurs ont largement évolué dans les dernières années (ainsi que les modèles d’évolution des nuages volcaniques) 🙂
Bonjour Xavier,
J’ai participé à un stage avec vous en 2012 ( profitable ). J’ai eu l’occasion de voyager en avion depuis ( Prague , Bilbao ) …pas de problèmes. Cette fois ci mon voyage sera beaucoup plus long car je pars pour New York le 16 mai pour 7 jours avec Delta Airlines/ Air France et je pense sur un Airbus A380. Ma petite appréhension est la durée du vol et la taille de l’avion. Au décollage cela doit plus impressionnant ( l’inclinaison).
Nota: j’aime bien consulter le site Filghtradar.com, c’est rassurant de voir tous ces avions circuler et arriver à bon port.
Voila quelques nouvelles. Sincères salutations.
Bonjour Jean-Luc, heureux d’avoir de vos nouvelles !
Bien au contraire, vous pourrez le voir les avions long courrier ou gros porteur comme l’A380 sont particulièrement doux et confortables, et souvent plus silencieux que le moyen courrier. Pour ce qui est de l’inclinaison de l’avion, elle ne dépassé pas 15° quel que soit l’appareil ou la distance du vol. L’A380 a un autre avantage : il y a une caméra sur la queue de l’avion qui permet de voir en temps réel ce qu’il se passe devant, et la situation est alors bien moins impressionnante que lorsqu’on regarde par le hublot latéral.
Appliquez bien toutes les techniques cognitives, vous verrez que la durée d’un vol n’est pas un problème lorsque l’on est pas crispé. La seule question sera de passer le temps, et entre les repas, le repos et les distractions en vol (chacun a un écran devant lui sur ce type de voyage), cela passe plutôt vote 🙂
A bientôt,
Xavier
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