Selon une étude menée par Barbara Rothbaum et son équipe de chercheurs, environ 20% des passagers de chaque avion auraient recours à l’alcool ou à la médication pour essayer d’apaiser leur peur de l’avion… D’après les recherches du CTPA portant sur plus de 2500 sujets, ce sont 60% des personnes ayant peur de l’avion qui ont déjà testé un médicament en vol, alors que leur efficacité n’a été jugée favorablement que dans 12% des cas ! Ce sont généralement les anxiolytiques qui sont utilisés mais de nombreux cas d’effets négatifs sont identifiés. Une étude réalisée par Wilhelm et Roth est à ce titre particulièrement intéressante.
Les chercheurs sont partis de l’hypothèse que le médicament avait pour but de passer un vol moins désagréable que d’habitude, ce qui permet petit à petit de ne plus avoir d’anxiété en vol, puis de se débarrasser progressivement des médicaments. Ils ont donc demandé à deux groupes de personnes ayant peur de l’avion de réaliser deux vols à une semaine d’intervalle en prenant à chaque fois une pilule avant le décollage. Avant le premier voyage, la moitié des sujets recevaient une dose de 1mg d’alprazolam qui est la molécule du xanax, alors que le deuxième groupe recevait un simple placebo. Chaque passager a pris l’avion avec un appareil permettant de mesurer plusieurs constantes physiologiques comme le rythme cardiaque ou la vitesse respiratoire. Les résultats ont été un vrai choc.
Le rythme cardiaque du groupe qui avait reçu un vrai médicament était de 114 battements par minute, alors qu’il n’était que de 105 pulsassions par minute dans le groupe n’ayant reçu qu’un placebo ! Pourquoi un tel résultat ? Apparemment, les médicaments auraient pour effet d’empêcher le fonctionnement normal du cortex, alors que c’est justement le cortex qui doit rester fonctionnel pendant le vol pour essayer de se rassurer. C’est en effet le cortex qui « connait » les statistiques de la sécurité aérienne et les informations rassurantes, alors que le cerveau des émotions est pour sa part chargé négativement par les expériences précédentes désagréables, les événements aéronautiques médiatisés ou les films catastrophes… En éteignant le cortex, le médicament laisse encore plus de place au cerveau des émotions et à l’amygdale cérébrale, et ce sont alors encore plus les pensées catastrophes qui prennent le dessus, avec ses effets physiologiques comme le cœur qui accélère. Au final, les personnes médicalisées sont celles qui ont passé le vol le plus désagréable.
Une semaine après cette expérience, un deuxième voyage était réalisé, mais personne ne recevait plus de médicament ni de placebo. Dans le groupe qui avait pris un anxiolytique au premier vol, le rythme cardiaque a encore augmenté, passant de 114 à 123 pulsations minutes. Pour le groupe placebo, le constat inverse a été réalisé, le rythme cardiaque moyen s’abaissant à « seulement » 98 pulsations minutes.
Il est intéressant également d’analyser les crises de panique. La proportion de personnes du groupe xanax ayant subi une crise de panique n’était que de 7% dans le premier vol, alors qu’il était de 43% dans le groupe placebo. Dans le deuxième vol non-médicalisé, 71% du groupe xanax a eu une une crise de panique, alors que la proportion n’était plus que de 30% dans le groupe placebo…
Plusieurs conclusions à cette étude :
– l’anxiolytique a pour effet secondaire de laisser le rythme cardiaque monter plus haut, mais il bloque par contre la crise de panique dans la majorité des cas… au final, la sensation physiologique a été plus forte et on croit que c’est le médicament qui a permis de maîtriser la situation ! En passant un plus mauvais vol qu’en l’absence de traitement, le cerveau est encore plus traumatisé, et certains psychologues pensent même que l’anxiolytique accélérerait l’apparition de chocs traumatiques !
– l’anxiolytique bloque la crise de panique dans la majorité des cas, mais la situation empire très fortement dès que l’on ne peut pas le prendre. A l’inverse, les personnes qui ne prennent pas de médicament peuvent s’habituent plus facilement (rythme cardiaque qui diminue progressivement et moins de crises de panique sur le long terme).
Si l’on a surtout peur de faire une crise de panique, on peut penser qu’en prenant des anxiolytiques à chaque vol on passera un vol désagréable mais que l’on évitera la bouffée d’angoisse… Sauf que l’efficacité du médicament décroit avec le temps, laissant de plus en plus de crises dominer le médicament, et l’effet secondaire est un renforcement de l’anxiété précédant chaque vol ! Après plusieurs voyages, l’anxiété anticipée devient suffisamment forte pour décider de totalement éviter l’avion.
Les somnifère n’ont malheureusement pas de meilleurs résultats. N’oubliez pas que la peur est liée avant tout à des pensées négatives automatiques comme « les turbulences sont dangereuses » ou « une petite panne et c’est la catastrophe »… Mais tant que ces pensées sont présentes, le cerveau ne veut pas s’endormir ou se relaxer, il va lutter contre le médicament pour rester éveillé et alerte à tous les mouvements ou bruits jugés suspects… Pour ce qui est de l’homéopathie ou des fleurs de bach, l’effet est identique à celui d’un placebo.
D’après toutes les études comparatives publiées, la solution la plus efficace contre la peur de l’avion reste de réaliser un stage complet comprenant à la fois l’intervention d’un vrai psychologue, des explications techniques puis l’utilisation d’un simulateur de vol de qualité professionnelle. Les résultats du stage « Prêt à décoller » contre la phobie de l’avion proposé par le Centre de Traitement de la Peur de l’Avion sont ainsi très encourageants : d’après une moyenne réalisée sur 167 stagiaires, l’anxiété dans le premier vol qui suit le stage n’est plus que de 3,7/10 au lieu de 9/10 auparavant. Et une chose est sûre, lorsque l’on n’a plus les pensées négatives automatiques, les médicaments peuvent faire effet, mais dans ce cas vous n’en avez plus vraiment besoin 🙂
Bonjour,
J’ai lu avec attention votre article. Je fais partie du groupe des grands stressés de l’avion…et croyez moi ou non je prends l’avion depuis que je suis toute petite et pourtant mon stress de l’avion ne fait qu’empirer. J’ai même honte de dire à mes voisins dans l’avion que ce n’est pas mon premier voyage…
J’ai bien évidemment essayé différents médicaments dont le xanax que vous mentionné dans votre article. Je me suis bien retrouvée avec ce que vous avez décrit car j’ai toujours eu le sentiment que cela ne m’aidait pas vraiment car je suis toujours bien éveillée dans l’avion et à l’écoute du moindre bruit qui pourrait s’avérer dangereux…alors oui je suis tout le temps en alerte même avec médicament. Je passe des vols horribles à chaque fois, et honnêtement je ne sais plus quoi faire.
Sur toutes mes expériences en vol, j’ai eu deux expériences bien traumatisantes, et je pense que cela m’a bien marqué. Un vol de 6 heures d’Addis Abeba jusque Bruxelles avec turbulences non stop, j’ai vraiment cru qu’on allait pas arriver à destination, et vol de 6 heures également d’Abidjan jusque Bruxelles au moment de la période de l’Harmattan. Je suis sortie de là avec une migraine carabinée pendant une semaine durant laquelle j’ai du restée dans le noir sans bouger…horrible! On m’a déjà répété pleins de fois que les turbulences étaient rarement la cause d’un crash mais il n’en est rien….ma peur est irrationnelle…et je n’arrive tout simplement pas à la contrôler.
Bref, je ne peux pas éviter de prendre l’avion car nous n’avons pas encore inventé des systèmes de télétransportations (style Harry Potter) donc je mords sur ma chique et je subis les heures de vol ainsi que mes collègues de voyage qui doivent me supporter. J’aimerais bien que quelqu’un m’assomme avant le vol, mais ça non plus, je n’ai pas encore trouvé de volontaires:(
Vous parlez d’un stage complet comme seul remède à cette peur irréelle, êtes-vous sûr qu’il n’y ait pas d’autres possibilités?
A bientôt, et merci de votre article!
Nathalie
Bonjour Nathalie,
Il n’y a malheureusement pas de solution miracle. Avant de fonder le Centre de Traitement de la Peur de l’Avion, le Dr Negovanska a testé différentes méthodes avec des patients ayant peur de l’avion (thérapies comportementales et cognitives, hypnothérapie / thérapies brèves, sophrologie), avec des résultats insatisfaisants. Elle m’a donc demandé d’intervenir dans son cabinet pour apporter des réponses techniques, puis à partir de 2012 nous nous sommes associés avec un simulateur de vol. Les résultats ont été excellents !
Une étude sur l’efficacité du stage a été réalisée (voir ce message sur notre page Facebook https://www.facebook.com/CentrePeurAvion/photos/a.422054654513442.108437.422051654513742/1017336331651935/?type=1&theater) et les résultats sont largement supérieurs aux autres publications médicales, quel que soit le moyen thérapeutique considéré.
Si vous habitez la Belgique, un Centre existe à Charleroi, vous trouverez toutes les informations sur http://www.peuravion.be
Pour la France, le site reste peuravion.fr
AU plaisir d’échanger,
Xavier
C’est bizarre car c’est pas mon expérience du tout. Avec une bonne dose de Lexomil, c’est à dire 2 barrettes soit 12 mg, ça m’assomme suffisamment pour que je sois tranquille. Bon, à vrai dire, j’arrive à même à m’en passer maintenant, cela m’était nécessaire après que je n’avais pas pris l’avion depuis que j’étais petit (où je n’avais d’ailleurs aucune crainte, et que j’avais été terrorisé par les accidents d’avion médiatisés (et que j’ai fait des rêves où j’étais dans un avion qui s’écrasait).
Enfin, bref, l’anxiolytique, quand j’avais besoin d’en prendre face à ma phobie, ça me calmait bien. Maintenant, l’habitude aidant (j’ai dû reprendre l’avion plusieurs fois, ma phobie s’estompe pour laisser la place à une simple « intranquillité » à peu près gérable (principalement au décollage et à l’atterrissage et pendant les turbulences).
Vous avez doublement de la chance :
– vous faites partie des 11% de personnes chez lesquelles le médicament a un effet positif… la proportion de personnes qui perçoivent un effet nul ou négatif est bien plus importante !
– votre peur s’est estompée avec la répétition des vols, alors qu’en général elle se renforce, car on arrive au vol avec l’anxiété du vol précédent qui s’était mal passé…
Quoi qu’il en soit, tant que le cerveau pense qu’il y a un risque il va faire en sorte de rester attentif, c’est pour cela qu’il faut trouver les réponses + apaiser ce cerveau des émotions qui nous donne l’ordre d’éviter la situation 🙂
Bonjour,
Je fais aussi des crises d’angoisse, et non seulement dans l’avion, mais aussi dans la voiture/trains (pour les plus longs trajets). J’ai peur surtout d’être enfermée et/ou me retrouver loin d’un hôpital. J’ai également peur d’avoir peur (peur d’avoir une crise d’angoisse devant un publique). La nuit avant chaque vol je ne dors presque pas et souvent je dois prendre un xanax afin de m’endormir car je suis dans l’anticipation.
Personnellement, le xanax pris avant le vol m’aide pendant le vol de rester plus calme. Cependant, lors de chaque décollage, le médicament ne m’aide pas à ne plus ressentir une forte sensation dans la tête comme si j’allais tomber dans les pommes.
Je suis exactement comme vous et c’est invivable j’anticipe toujours mon voyage mais au moment d’entrer dans l’avion j’ai peur d’avoir peur de faire une crise et la on a le coeur qui s’emballe et on regarde autour de soi pour avoir un peu de soutien mais on dirait que personne vous comprend.. et pareil dans les trains ou autres. Le sedatif PC peut s’averer pas mal et vous casse moins que le Xanax
J’ai pris l’avion 8 fois mais seulement le vol de 1 h et chaque fois était plus désagréable que son précédent.dérnièrement je suis devenue claustrophobe .je n’ai pas encore testé ma situation avec l’avion.j’ai tres peur d’avance car je suis obligéé de prendre l’avion le mois prochain et ce sera un vol de 6 h
Bonjour Malika,
Oui, il est tout à fait classique que la peur de l’avion se renforce avec le temps puisqu’on arrive toujours au vol avec l’anxiété du voyage précédent qui n’était déja pas confortable (voir cet article pour plus d’explications : http://www.peuravion.fr/blog/2015/06/pourquoi-la-peur-de-lavion-se-renforce-t-elle-avec-le-temps/)
Pour les questions d’agoraphobie et de claustrophobie, on est vraiment sur une phobie classique qui se travaille très bien, je vous conseille de contacter le Dr Negovanska au 06 80 08 63 73 si vous voulez organiser un suivi. Si vous n’êtes pas sur Paris, elle organise des suivi par correspondance sur Skype. Cela vous sera utile en avion mais aussi en dehors…
Bon courage pour votre vol,
Xavier