Avant chaque décollage, un avion doit être préparé par une équipe technique, puis des vérifications et une check list complémentaire sont réalisées par les pilotes, à la fois à l’extérieur et dans l’avion. Une remarque revient souvent : « j’ai pris un vol low cost, nous sommes montés dans l’avion par la porte arrière alors que les passagers du vol précédent étaient encore en train de descendre par la porte avant. Comment les vérifications peuvent-elles être réalisées aussi rapidement ? » Et en effet, il est possible de faire redécoller un avion en à peine une vingtaine de minutes…
L’avion passe en réalité tout de même une vingtaine de minutes au sol pour les escales les plus courtes. Pendant ce temps, une équipe de bagagiste charge et décharge le contenu des soutes (il y a de moins en moins de bagages sur les compagnies à bas coût), des techniciens vont remettre l’avion en condition pour le vol suivant (ajout de carburant…), un pilote va refaire un tour extérieur de l’avion (pour vérifier s’il n’y a pas eu un impact avec un oiseau, regarder dans les trappes s’il n’y a pas un écoulement de fluide ou une odeur suspecte…) pendant que le deuxième pilote configure l’avion pour le vol suivant (enregistrement des points de navigation…). La checklist se finalise ensuite avec les deux pilotes dans le cockpit, et tout est tellement bien organisé qu’il suffit d’une grosse vingtaine de minutes pour remettre l’avion en état pour le vol suivant.
La checklist précédant le premier vol de la journée de l’avion est par contre bien plus longue et les pilotes arrivent alors à leur appareil entre 1h et 1h30 avant l’heure prévue de décollage. Pourquoi une telle différence ? Lors de la première mise en oeuvre de l’appareil, il faut par exemple attendre que certains circuits chauffent ou que la pression soit correcte (circuits pneumatiques, hydrauliques et électriques), cela prend du temps… Si dans votre voiture, vous deviez vous aussi attendre que la température soit optimale avant de pouvoir rouler, vous devriez attendre quelques dizaines de minutes.
Si l’avion a déja réalisé un vol, on applique les mêmes contrôles mais l’appareil est encore chaud et tous les circuits sont parfaitement opérationnels pour repartir. Le générateur d’électricité se trouvant dans la queue de l’appareil (l’APU) peut rester allumé, le circuits hydrauliques et pneumatiques gardent la bonne pression, on n’attend pas que les températures redescendent et il n’y a alors plus qu’à vérifier que les paramètres sont corrects. De la même manière, votre voiture « chaude » va pouvoir repartir très rapidement malgré une petite pause.
Au final, un avion peut ainsi enchaîner les rotations sur la journée, et plusieurs équipages vont s’y succéder. Un pilote de la compagnie Ryanair m’expliquait réaliser ainsi plusieurs trajets (par exemple Porto – Paris, puis Paris – Londres, Londres – Paris et enfin Paris – Porto) entre 7h30 et 15h, puis l’avion repartait ensuite pour quatre autres rotations entre 16h et 23h30. Un tel rythme serait plus difficile à tenir dans les compagnies traditionnelles, notamment en raison du plus grand nombre de bagages de soute et de l’utilisation systématique des passerelles d’embarquement plutôt que d’escaliers, des choix confortables pour les passagers mais qui impliquent une escale plus longue.
Quoique’il en soit, ne faites donc aucune déduction du niveau de sécurité de votre vol à partir de la durée des escales. Les avions sont entretenus selon un rythme qui dépend de leur utilisation, les pilotes respectent des repos imposés par les instances de sécurité aérienne et la préparation d’un vol répond à des exigences qu’aucun pilote ni aucune compagnie ne souhaite ni ne peut outrepasser. Une dérive dans ce domaine entraînerait des conséquences pénales pour les pilotes impliqués et le classement sur la liste noire pour la compagnie aérienne, ce qui provoquerait à coup sur sa faillite. Personne n’est prêt à prendre de tels risques.