La peur de l’avion est une peur comme les autres, elle agit selon des mécanismes ancestraux qui n’ont qu’un but : nous protéger du danger. Nos lointains ancêtres vivaient face à des menaces permanentes face auxquelles il fallait pouvoir répondre très rapidement. Le problème est que notre cerveau ne fait aujourd’hui pas la différence entre un risque réel (un prédateur, être piégé…) et un risque irrationnel comme les phobies (peur de l’avion, claustrophobie…). Mais concrètement, qu’est-ce qui génère la peur dans notre cerveau et notre corps ?
Lorsqu’un élément provoque une alerte, comme les turbulences pour ceux qui ont peur de l’avion ou le fait d’entendre une voiture nous foncer dessus si l’on marche dans la rue, l’information est transmise dans le cerveau des émotions et plus particulièrement dans une région du cerveau appelée thalamus. Celui-ci active ensuite l’amygdale cérébrale, qui est le centre des peurs.
Un neurotransmetteur, le glutamate, est alors sécrété par le cerveau afin d’activer la « substance grise périaqueducale », un réseau de neurones qui génère nos réactions de défenses face au danger. Il y a trois réactions possibles :
– faire le mort, c’est-à-dire rester immobile en espérant ne pas se faire repérer par le prédateur,
– fuir, ce qui nécessite une accélération du cœur pour se préparer à un effort,
– se battre, pour affronter le danger…
Peut-être vous reconnaissez-vous dans ces trois situations lorsque vous êtes dans l’avion :
– faire le mort, c’est « je ne suis pas dans un avion, ne me parle pas… » : vous fermez les yeux, vous cherchez à nier la réalité et vous refusez tout contact, même lorsque votre gentil voisin essaye de vous rassurer,
– fuir, c’est le besoin de bouger, de s’échapper, et certaines personnes sont très agitées lorsqu’elles ont peur en avion,
– se battre, c’est faire monter l’énergie dans les avants-bras pour se préparer au combat, c’est pour cette raison que vous écrasez peut-être les accoudoirs…
Pendant que l’une de ces réactions se déclenche, l’hypothalamus (une structure du système nerveux central) sécrète la « corticotropin-releasing hormone » (ou CRH) qui active alors une autre structure cérébrale : l’hypophyse. Celle-ci produit encore une nouvelle hormone, l’adrénocorticotropine (ou ACTH) qui est diffusée dans le sang et se se propage donc à l’ensemble du corps. Lorsque l’ACTH arrive dans les reins et plus particulièrement dans les glandes surrénales, la cortisol et d’adrénaline sont générées, provoquant une accélération du rythme cardiaque et du rythme respiratoire ainsi qu’une hausse de la pression artérielle. Lorsque la peur et ces sensations sont fortes, des crises de de panique sont possibles.
Ces signaux désagréables renvoient alors une nouvelle alerte négative au cerveau, et l’on entre dans un cercle vicieux : la peur engendre la peur. Le fonctionnement du cerveau est alors lui aussi altéré et la partie la plus évoluée du cerveau (le cortex) ne fonctionne plus correctement. C’est pour cette raison que les réponses techniques ne permettent pas de se débarrasser de la peur de l’avion : les statistiques et les informations rassurantes face à l’avion ne sont plus disponibles, ce sont les pensées catastrophe qui ont pris le dessus.
Il existe heureusement une technique qui permet de bloquer ce retour négatif vers le cerveau, c’est la cohérence cardiaque. Cette technique respiratoire est d’une grande efficacité. En réduisant le rythme respiratoire et en empêchant l’emballement du cœur, le cerveau perçoit un signal d’apaisement : « finalement tout va bien autour de moi ». L’activité du cerveau des émotions diminue alors, et tout peut rentrer dans l’ordre en moins d’une minute si vous y êtes entraîné(e). Une fois que cette bonne respiration aura permis d’apaiser le cerveau des émotions, les informations rationnelles seront à nouveau disponibles.
Dans le cadre du stage « Prêt à décoller » contre la peur de l’avion, nous utilisons le système de cohérence cardiaque Symbiofi, développé en partenariat avec le CHU de Lille. Ce système permet de voir en temps réel l’effet d’une bonne respiration sur le cœur, ce qui améliore de façon très importante l’apprentissage de la bonne respiration. Tout est ensuite une question d’entraînement : cette respiration fera effet après 3 ou 4 minutes pour une personne qui débute, mais avec de l’entraînement on pourra agir sur les symptômes de l’anxiété en quelques dizaines de secondes. On ne fait alors plus de crise de panique et on arrive à garder le cortex allumé, et c’est à cette condition que l’on peut garder les idées claires et ne pas voir les idées catastrophes reprendre le dessus.