Hier, un article du Canard Enchaîné intitulé « La chasse aux barbus est ouverte à Air France » évoquait une succession d’événements inquiétants, autan de signes de la radicalisation d’employés de la compagnie. D’après le journal, deux employés ont perdu leurs habilitations à travailler dans les zones sensibles et une dizaine d’autres seraient sous étroite surveillance. Toute une série d’incidents sont sont répertoriés :
– « le moteur relais, censé contrôler les réacteurs depuis le cockpit » qui présente plusieurs fois des avaries heureusement détectées lors de la check list des pilotes ;
– sabotage de toboggans d’évacuation, sans que ceux-ci ne soient finalement installés sur les avions ;
– graphitis « allah akbar » sur une quarantaine d’avions au niveau de la trappe de remplissage carburant, provoquant l’application du droit de retrait d’un pilote ;
– annonces de sécurité programmées en arabe sur un vol Paris – Amsterdam ;
– piratage du système géovision qui permet aux passagers de suivre la course de l’avion une fois en vol pour y faire notamment disparaître Israël au profit de la Bande de Gaza ;
– refus d’un agent de piste de guide un avion vers son parking car le commandant de bord est une femme…
La liste est effrayante et les faits invérifiables, mais certaines informations sont troublantes. Car fausses. Il n’existe par exemple pas de relai pour les moteurs pour les avions de ligne, tous les pilotes contactés n’ont pas compris de quoi il s’agissait. Le cas du pilote ayant fait jouer son droit de retrait n’est pas lié à des questions d’islamisme, il s’agit « d’un syndicaliste bien connu« . Les tags allah akbar étaient en réalité 7 et non 40, et avaient été réalisés avec le doigt dans la poussière sur la plateforme de Casablanca, rien à reprocher à Air France donc. Les avions vers Amsterdam et les vols moyens courrier ne sont pas équipés d’écran, donc les procédures de sécurité sont réalisées par les PNC et il est impossible qu’elles aient été piratées et réalisées en Arabe. Pour les écrans qui oublient Israël, il s’agit en réalité d’une question de zoom : Israël apparaît bien, mais à certaines échelles c’est Gaza qui est visible en premier…
Un article d’Europe 1 soulève également d’autres erreurs du Canard Enchaîné, notamment le renvoi d’un employé parti au Yemen pour une autre raison que celle invoquée ou l’histoire de l’agent qui a refusé de guider la femme pilote qui ne serait qu’une « légende urbaine », et enfin l’agent de sûreté qui a en réalité perdu ses accréditations pour appartenance à un groupe néonazi…
On voit bien que la source des journalistes ne connaît pas grand chose aux avions ni à la compagnie, que le journal n’a pas pris 5 minutes pour vérifier la valeur de ses informations, et que la rédaction était orientée pour faire le buzz. Il faut néanmoins être clair sur le fait que le problème est réel. Il a d’ailleurs été pris à bras le corps par un Préfète dédié à la sûreté aéroportuaire qui dispose d’une quarantaine d’agents de renseignement pour la seule plateforme parisienne, ces derniers ayant fait ouvrir plus de 4.000 casiers personnels l’an dernier et retiré d’autorisation d’accès aux pistes pour 6 personnes et refusé la délivrance du sésame pour 18 autres en 2016. La sûreté ne repose heureusement pas que sur eux, tous les corps de métier travaillent sur les pistes (techniciens, agents de l’aéroport ou de la DGAC, essenciers, bagagistes, pilotes…) sont également vigilants et de nombreux tests d’intrusion sont réalisés par la gendarmerie de l’air afin de vérifier si les employés font attention aux accréditations des personnes approchant des avions autour d’eux.
Le risque n’est jamais nul, mais avec toutes ces procédures et contrôles il sera toujours plus faible que dans tous les autres environnements auxquels vous pourrez accéder, qu’il s’agisse du train, du bus ou d’une salle de cinéma. La sûreté (contre les actes de malveillance) et la sécurité (maintenance des avions, formation des pilotes…) sont optimaux dans l’aérien en Europe. Il est important de dénoncer les problèmes lorsqu’ils existent, et vous pouvez être sur que les dérives seront détectées avant qu’elles ne deviennent des menaces. Et dans ce cas, le buzz aura raison d’exister.
Bonjour, je trouve cet article pas démystificateur et pas rassurant, car il contient une totale contradiction entre le début et la fin où je lis la phrase : « il faut néanmoins être clair sur le fait que le problème est réel ».
Bref, le journaliste du Canard ne connaît rien à l’aviation et une partie des faits cités n’est pas probante, mais il a soulevé un vrai problème dont personne ne parlait.
Bonjour Charles, désolé si je n’ai pas été clair. Le problème des dérives d’islamistes et du terrorisme qui en découle est un vrai problème et doit être pris à bas le corps, c’est une réalité, mais en ce qui concerne Air France aucun des éléments de l’article n’est avéré. Le Canard n’apporte aucun élément nouveau et ne soulève pas de nouveau problème puisque celui-ci est déja traité avec des moyens conséquents. Cela ne retire pas tout risque une fois de plus, mais il est bien mieux intégré dans l’aérien que dans les autres environnements.