Plusieurs personnes nous ont contacté aujourd’hui avec cette question : pourquoi un avion n’arriverait-t-il pas à freiner une fois qu’il a atterrit, et que se passe-t-il dans ce cas ? La question fait suite à un incident ayant eu lieu aujourd’hui sur l’aéroport de New York La Guardia pour l’avion du candidat Trump comme le montre la photo ci-contre.
Lorsqu’un avion est aligné face à la piste d’atterrissage, son angle de descente est autour de 3°, avec une vitesse de vol d’environ 200 km/h. Lorsque l’appareil aura touché le sol, il va pouvoir freiner de trois manières : avec les aérofreins (parties mobiles se trouvant sur le dessus de l’aile), les freins placés sur les roues (comme sur votre voiture), et éventuellement le système de reverse qui permet aux moteurs de souffler vers l’avant. Logiquement, la masse de l’avion, sa vitesse et la longueur de piste permettent de déterminer les conditions de freinage optimales, et les
avions modernes savent par exemple identifier ces paramètres pour informer le pilote d’une vitesse éventuellement excessive. Les Airbus de la compagnie Air France sont par exemple mis à jour pour intégrer cette sécurité (voir article dédié à cette mise à jour en suivant ce lien). De même, les pilotes savent s’adapter aux conditions : si la piste est humide, le système de freinage avec les roues sera par exemple moins utilisé et on exploitera davantage les reverse.
Dans la vidéo suivante, on voit par exemple que les pilotes mettent beaucoup de temps à toucher le sol, avec un sol mouillé. Précisons qu’il s’agit de l’aéroport de Kalibo aux Philippines, un aéroport très petit et une compagnie classée sur la liste noire :
L’ensemble de ces sécurités permet de réduire le nombre de sorties de piste sur des avions de ligne à son minimum, d’autant que des freinages de secours permettent d’accroître le freinage des roues. Mais lorsque l’appareil a encore trop de vitesse en bout de piste, le sol est fait pour contribuer au freinage. Soit il s’agit de gazon (c’est ce que j’ai vécu lors la sortie de piste de l’appareil militaire dans lequel je me trouvais sur l’aéroport de Lorient en 2008), soit on arrive sur des dalles conçues pour se casser, c’est ce qui est arrivé à l’avion de ce jour (ou au petit Falcon sur l’image ci-contre). On a donc l’impression que l’avion a creusé un sillon dans le béton, mais c’est en réalité cela qui est recherché. Le système, baptisé EMAS (pour Engineered Material Arresting Systems), a été conçu par la société française Zodiac Aerospace. D’après le site de l’entreprise, le système est opérationnel et installé sur de nombreux aéroports depuis plus de 20 ans, mais il n’a été nécessaire que pour une dizaine d’avions. Tous les passagers ont à chaque fois pu sortir sains et saufs de l’avion… Apparemment, l’événement du jour est également du à la non-utilisation des reverse par l’avion, procédure limitée pour les vols atterrissant de nuit en raison du bruit produit par les moteurs…
Une fois l’avion arrêté, les passagers peuvent quitter l’avion via les toboggans d’évacuation ou attendre que les passerelles classiques soient disponibles. Il est rare que l’appareil soit considéré comme cassé après une simple sortie de piste, et encore plus rare que cela provoque des décès parmi les passagers. Gardez à l’esprit qu’un tel événement ne vous arrivera statistiquement jamais… Cette médiatisation de non-événements entretien évidemment la peur de l’avion. Souvenez vous surtout qu’en 2015, il n’y a eu AUCUN accident assez grave pour provoquer un décès parmi les passagers d’un avion à réaction dans le monde… Alors qu’il y a eu plus de 7 morts par un accident de la routes pendant que vous lisiez cet article ! Prenez donc l’avion et évitez la voiture 😉