L’avion possède de nombreux systèmes destinés à assister les pilotes dans leur tache, et un dysfonctionnement sur chacun de ces systèmes entraîne un message d’alarme spécifique, celle-ci pouvant être visuelle (voyants ou indications colorées) ou sonores (annonces vocales ou alarmes). Les pilotes sont formés pour gérer l’évolution de leur appareil en toutes situations, nous le répétons à chaque stage contre la peur de l’avion, mais une personne nous a demandé sur la page Facebook du Centre si les alarmes détectaient aussi les situations les plus dangereuses, et s’il était possible qu’un pilote ne remarque pas ces alarmes…
Si l’on devait hiérarchiser les situations les plus dangereuses en avion, on distinguerait certainement les évolutions en limite de domaine de vol (c’est-à-dire que l’avion est proche du décrochage, ce qui correspond schématiquement à une vitesse trop faible), lorsque l’on se rapproche trop proche du sol ou si deux avions ont une trajectoire convergente.
Pour alerter d’une vitesse trop faible pouvant provoquer le décrochage de l’appareil (voir cet article dédié au décrochage et celui-ci qui abord la protection du domaine de vol), une alarme sonore très forte résonne dans le cockpit, souvent associée à une vibration intense du manche… Ce système, appelé Stall Warning System, se déclenche lorsque l’angle d’incidence de l’appareil devient trop élevée, c’est-à-dire lorsque l’air ne s’écoule plus correctement sur le dessus de l’aile de l’avion pour le faire voler. Le risque, c’est qu’avec un écoulement de l’air anormal sur ses ailes, l’avion n’ait plus assez de portance. Si cette alarme retentissait, le pilote se mettrait en descente, ce qui permet de recoller les flux d’air sur les ailes et reprendre de la vitesse. L’avion vole alors correctement.
La deuxième alarme serait l’avertisseur de proximité avec le sol, ou Ground Proximity Warning System qui consiste en une voix préenregistrée qui annonce « TERRAIN » ou « PULL UP ! » (remontez !). Cette sécurité a représenté une telle avancée lors de son introduction dans les années 60 qu’elle a permis d’éviter des dizaines d’accidents et sauver des milliers de vies. L’inventeur de cette technologie, l’ingénieur de l’entreprise Honeywell Donald Bateman, a été récompensé en voyant son nom être gravé dans la fameuse « Hall of fame » aux Etats-Unis, espace réunissant les plus grands inventeurs américains dans lequel il a rejoint Henri Ford ou Thomas Edisson…
La dernière version du GPWS a été pour la première fois introduite sur un avion de ligne à bord d’un Airbus en 1997, avant d’être généralisée. Le système offre à présent une vision du relief devant l’avion au moment où l’alarme se déclenche, ce qui donne une très bonne vision de la situation aux pilotes et facilite leur prise de décision. L’illustration ci-dessus est la présentation Vertical Display disponible sur l’A380, elle donne les évolutions du sol (en marron) qui apparaît sous la forme d’une coupe verticale devant l’avion.
Vient enfin le système qui permet d’éviter les collisions entre avion, celui-ci ne devant s’activer qu’en cas de défaillance des systèmes permettant une bonne organisation du trafic aérien (voir ici pour ce sujet). Le système s’appelle le T-CAS pour Traffic and Collision Avoidance System. Lorsqu’un avion vole, il surveille en permanence les autres avions en déplacement autour de lui et il détecte ainsi ceux qui pourraient croiser sa trajectoire. Ce système, obligatoire pour tous les avions de transport de passager de plus de 19 passagers, permet de détecter les autres appareils en vol à plusieurs dizaines de kilomètres de distance. Si tel est le cas, une alarme « TRAFIC » retentit dans le cockpit pour attirer l’attention des pilotes. Si les avions se rapprochent toujours, les deux appareils vont commencer à communiquer automatiquement pour définir quelle manœuvre d’évitement serait la meilleure (en prenant en compte les autres avions éventuellement en vol alentour). Si les avions se trouvent à ~4 km l’un de l’autre, « CLIMB – CLIMB » (monte) retentit dans un cockpit, et c’est « DESCENT – DESCENT » qui est ordonné à l’autre avion. Il ne reste plus aux pilotes qu’à obéir, cet ordre étant prioritaire à toute autre manœuvre.
Les derniers systèmes doublent ces alertes par une indication visuelle (illustration ci-dessus). Cette mise à jour des T-CAS a par exemple été sélectionnée pour tous les Airbus A320 et A330 de la compagnie Air France, y compris les avions livrés avant que cette technologie n’existe…
Dans le cadre du stage contre la peur de l’avion, nous faisons parfois la démonstration de ces alertes et les stagiaires sont toujours étonnés par les réactions du pilote… Contrairement à ce que l’on peut voir dans les films ou les reconstitutions, une alarme ne signifie pas qu’il va y avoir un accident, il s’agit simplement d’une indication permettant d’éviter une situation dangereuse. Les pilotes sont entraînés à ces situations (et à bien d’autres), leurs réactions sont mesurées, calmes et naturelles car elles sont répétées de nombreuses fois dans les entraînements obligatoires que l’équipage doit subir plusieurs fois par an. Les alarmes ne sont qu’un rappel et tout est organisé pour qu’elles ne soient jamais entendues.
Bonjour,
Qu’en est il du phénomène de surdité innatentionelle pouvant causer l’omission d’alarmes potentiellement critiques ?
Bonjour, il y a parfois une focalisation trop importante sur des éléments secondaires mais cela était surtout valable sur les anciens avions et leurs dizaines d’indicateurs… avec les appareils modernes il y a une sélection automatique par l’avion des éléments fondamentaux a suivre et cet « effet tunnel » disparaît puisqu’il n’y a plus un trop grand nombre de paramètres à suivre. Regardez par exemple la gestion de la panne moteur d’un A380 qui avait provoqué des dizaines d’alarmes, mais avait surtout permis aux pilotes d’afficher une série de check lists à réaliser pour traiter toutes les conséquences de l’explosion. La situation a grâce à cela été bien gérée (et les moteurs ont été modifiés pour que cet événement ne se reproduise plus).
Il y a néanmoins encore des évolutions comme le concept de neurone miroir où ce ne sont plus des textes mais des silhouettes humaines en train d’agir qui seront présentées aux pilotes en situation d’urgence, ce qui permettra d’accélérer encore la réponse à une situation.
Uns Alarme ça arrive,,, mais si elles se cumulent… ça pue severe….comme les tarés qui ont ignorés le T-CAS… et ceux que le Buffeting qui accompagne un decrochage les incite cabrer… ou moins grave ceux qui virent au manche se croyant dans top gun par reflexe de leur club de voltige du weekend se fichant du confort des pax….