Même si les avions volent à des altitudes où la température extérieure est de -56°C, les participants du stage contre la peur de l’avion demandent régulièrement si des chutes de neige ou un froid intense peuvent gêner les avions lors de leur décollage. En réalité, ce n’est pas vraiment la température qui est gênante, mais plutôt les accumulations éventuelles de neige ou de glace. En effet, si de la neige tombe sur le dessus de l’aile, elle peut peser plusieurs tonnes, ce qui réduit mathématiquement les performances de l’avion. De même, si de la glace s’accumule elle peut modifier la forme de l’aile, ce qui altère l’écoulement de l’air et peut réduire la portance de l’avion. On fait donc toujours en sorte de décoller avec des ailes propres afin d’éviter ces désagréments.
Avant de décoller, on va donc dégivrer l’avion en lui appliquant un mélange d’eau chaude et de glycol qui va faire fondre tout dépôt humide et empêcher de nouvelles chutes de neige de s’y accumuler (ou en tout cas elles tomberont toutes seules lorsque l’avion va commencer à rouler). Le glycol a pour particularité de ne pas geler avant des températures très fortement négatives, et l’aile « mouillée » va donc résister au gel. En fonction de la densité de la neige et de sa consistance, le dégivrage peut durer entre 5 minutes et jusqu’à 1/2h, ce qui peut paraître un peu long pour les passagers qui sont déja dans l’avion. Il n’est donc pas rare d’avoir des vols retardés à cause de l’attente avant le dégivrage…
Le glycol étant assez acide, il n’est pas contre pas directement envoyé dans les moteurs, et les fan des réacteurs doivent être réchauffés avec de l’air chaud insufflé directement par des gros ventilateurs, comme on le voit sur l’image ci-contre. Une fois que le moteur est lancé, il est alors assez chaud pour ne plus givrer et n’a plus besoin d’être réchauffé. De même, si un avion se pose et repart assez rapidement (on peut parfois redécoller en 20 minutes), les moteurs ne refroidissent pas assez pour avoir besoin de ce traitement.
Une fois en vol, il reste la question des pluies verglaçantes. Cela arrive lorsque l’on rencontre de l’eau dite en surfusion, c’est-à-dire que la pluie est liquide même si elle est en température négative. En touchant l’aile, la pluie se transforme instantanément en glace qui reste accrochée, avec une épaisseur de cumul pouvant atteindre 5 mm par minute. Dans pareille condition, les pilotes vont faire en sorte de sortir rapidement de cette pluie (en changeant d’altitude ou de trajectoire, ou en accélérant, leur radar leur donnant la position goutelettes d’eau), mais pour plus de sécurité les avions sont équipés d’un système appelé TWAI (Thermal Wing Anti Ice) qui prélève un peu d’air chaud dans les moteurs pour les insuffler directement dans les bords d’attaques des ailes (l’avant de l’aile) et l’avant des capots moteurs. A ces températures, la glace ne peut pas se former et l’eau coule comme s’il s’agissait d’une pluie classique.
On le voit, la question du froid est prise au sérieux par les constructeurs et les équipages et ces différentes précautions permettent d’obtenir une sécurité de 100%. Contrairement à une idée répandue, le froid n’altère par contre pas la capacité de voler de l’avion, c’est même le contraire : l’air froid est plus dense et plus porteur… A une même vitesse par rapport au sol, l’air froid nous donne plus de portance ! Pour ce qui est du confort et des turbulences, là aussi le froid devrait vous rassurer. Les nuages sont par exemple plus turbulents lorsqu’il existe une grande différence de température entre le bas et le haut du nuage, par exemple lorsqu’il fait 20° en bas du nuage et 0° en haut… mais s’il fait 0° en bas du nuage, la différence de température est faible et il y a peu de mouvement des masses d’air dans les nuages : ils sont moins turbulents. De même, le soleil qui tape sur le sol provoque moins de bulles de chaleur (les turbulences thermiques) lorsqu’il fait froid 🙂
De la même manière qu’il ne faut réduire ses vols à cause du vent ou des nuages, ne renoncez pas à voyager par temps froid, cela n’a pas d’effet sur votre sécurité et le voyage pourrait être plus confortable que par temps très chaud !
Voici une vidéo de de-icing sur un Embraer 195 à Göteborg, merci à Louis-Arthur pour cette vidéo :
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Article rédigé suite à une question posée sur la page Facebook du Centre de Traitement de la Peur de l’Avion : https://www.facebook.com/CentrePeurAvion/
Merci à Marina, Stéphane et Alexandre pour les illustrations
J adore vos articles. Ils me rassurent d’autant plus que je suis avionphobe. Ce qui m’inquiète lors d’un voyage c est le feu à bord ou l’explosion d’un réacteur lors du décollage ou en survolant des zones très isolés. Est ce que vous pouvez nous faire svp un article sur ce genre de situation et quelles sont les procédures à suivre ou les mesures de secours pour ce type de panne. Merci 🙂
Bonjour Annie et merci pour votre fidélité, est-ce que vous avez déja lu ces articles :
– « quelle est la probabilité de subir une panne moteur ? » : http://www.peuravion.fr/blog/2016/04/quelle-est-la-probabilite-de-subir-une-panne-moteur/
– « Que se passe-t-il en cas de panne dans un avion ? » http://www.peuravion.fr/blog/2014/10/que-se-passe-t-il-en-cas-de-panne-dans-un-avion/
– « A quelle distance des aéroports les avions ont-ils le droit de s’éloigner ? » http://www.peuravion.fr/blog/2015/03/a-quelle-distance-des-aeroports-les-avions-ont-ils-le-droit-de-seloigner/
Je pense que cela répondra déjà à vos premières questions, et de nouveaux articles sont en rédaction sur d’autres sujets 🙂
Si vous avez besoin de réponses plus complètes, n’oubliez pas aussi le livre que j’ai co-écrit avec le Dr Negovanska : https://www.amazon.fr/nai-plus-peur-lavion-tranquille/dp/2100743511/ref=as_sl_pc_qf_sp_asin_til?tag=voyagenthail-21&linkCode=w00&linkId=&creativeASIN=2100743511
Bonne lecture !
Ping : Y a-t-il un risque à prendre l’avion pendant une tempête ? | Sécurité aérienne et peur en avion
Mais moi , même rien que de lire les articles ça me stress ! 🙁 Je pars en février prochain ❄️ .
Suivez le stage dans ce cas, les réponses rationnelles sont moins fortes à l’écrit qu’à l’oral, les techniques psychologique sont vraiment importantes et rien ne remplace la séance de simulateur de vol qui marque le cerveau des émotions de manière positive.
Je suis tombé sur cette page par hasard. Excellent je vous lirai souvent !
Question : pourquoi le GPS du téléphone ne marche plus une fois l avion? ( parfois ça marche quelques instants puis ça part puis ça revient) c’est sympa de pouvoir suivre la position la vitesse etc en temps réel
Merci Adnan,
Les parois de l’avion ne sont pas idéales pour laisser passer les ondes des GPS, c’est la même chose quand on se trouve dans un bâtiment. Néanmoins, quand on est près des fenêtres on arrive parfois à capter le signal et donc à positionner l’avion, ce qui permet par exemple de le suivre sur Google Maps.
Ping : Une nouvelle soufflerie givrante pour éviter les pannes et les accidents | Sécurité aérienne et peur en avion