Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance d’être convié par la compagnie Transavia à la cérémonie de réception d’un nouveau Boeing 737 dans les usines de Boeing à Seattle. L’occasion de découvrir plein de petits secrets de fabrication, mais surtout de découvrir quelques secrets de fabrication et de répondre à cette éternelle question : comment peut-on construire un avion en moins de 10 jours tout en maintenant un niveau de sécurité aérienne total ?
Ce chiffre « moins de 10 jours » ne correspond en réalité qu’à l’assemblage de l’avion… Si les appareils sont en effet assemblés à Seattle, les pièces qui le composent arrivent d’un peu partout (aux USA et partout dans le monde) et ont déja subi des centaines de tests et vérifications avant même de quitter les usines du fournisseur. Prenons l’exemple des fuselages, construits dans une usine à Wichita dans l’Etat du Kansas et qui prennent le train pour réaliser les près de 2500km qui les séparent de Seattle et de l’usine de Renton… La traversée des montagnes rocheuses en train pour les 560 fuselages livrés chaque année est une épopée qui mérite un article à elle-seule !
Des pièces viennent donc de toute la terre, et plus de 20 entreprises françaises fournissent par exemple des pièces au Boeing 737 MAX : système d’air conditionné Saint-Gobain, toboggans d’évacuation Zodiac, avionique de Thales, moteurs Safran, systèmes de génération de gaz par Air Liquide, pneus Michelin…
Mais avant d’arriver à l’usine de Renton, elles ont subi des inspections infrason (ce qui permet de voir qu’il n’y aucune microfissure cachée) ou au laser (pour vérifier que les pièces ont exactement la forme attendue), les systèmes électroniques ont déja été testés de nombreuses fois jusqu’à être montés et démontés sur des bancs d’essais complets au sol… Bref, chez Boeing on reçoit des pièces parfaites, on les revérifie et on se retrouve dans une sorte de montage Ikea géant.
Et le terme géant n’est pas usurpé : la seule partie de l’usine dédiée au Boeing 737 mesure 39 mètres de haut et couvre une superficie de près de 7 hectares, avec 4 lignes d’assemblages parallèles comptant chacune 9 positions… Au plafond, des grues capables de déplacer les parties les plus lourdes et volumineuses (ailes, fuselages…), au sol un rail magnétique qui permet de faire changer les avions d’emplacement chaque jour à minuit. Car à chaque position correspond une action : assemblage du fuselage avec sa queue et ses ailes, pose du radar météo, installation des systèmes électroniques et câblage électrique, mise en place des trains d’atterrissage, pose des revêtements intérieurs et des sièges. Jour et nuit, tout est optimisé pour que des équipes puissent travailler à la fois dans, sous, sur et autour de l’avion, c’est une méthode appelée le lean management. On peut observer la réelle implication des salariés et techniciens, chaque gestion est précis et mesuré. La rencontre avec des retraités de l’avionneur et quelques employés nous confirmeront qu’il s’agit bien d’une fierté et d’une passion de pouvoir travailler en ces murs.
Le plus étonnant est aussi de voir que les bureaux de Boeing se trouvent tout autour de ces chaînes, avec certains employés qui travaillent directement sous les ailes des appareils en construction. Si par malheur une pièce n’est pas disponible ou que l’assemblage d’un avion rencontre le moindre problème, des lampes de couleur alertent l’ensemble des équipes afin de trouver une solution au plus vite… Car si un avion n’avance pas, c’est toute la ligne et les centaines de millions de dollars d’avions qu’elle contient qui risque d’être arrêtée, entraînant des pénalités envers les compagnies clientes pour chaque jour de retard !
A chaque étape de l’avancée des avions pendant leur montage correspondent de nombreux tests de sécurité. Les trains d’atterrissage et les volets sont ainsi rentrés et sortis des dizaines de fois avant d’être considérés comme parfaitement opérants. On fait également monter en pression les cabines comme s’il s’agissait d’une cocotte-minute, le but est de vérifier qu’il n’y a pas la moindre fuite. L’avion subit alors un différentiel de pression atmosphérique presque deux fois supérieur à ce qu’il subira dans les pires conditions imaginables dans les airs.
Une fois l’avion assemblé, direction l’atelier peinture (que nous n’avons pas pu voir), où les avions de ligne vont être recouvertes de plusieurs couches préparatoires (une couche d’accroche, une couche anti-corrosion, puis enfin la décoration aux couleurs des compagnies clientes avec près de 200 kg d’une peinture…
Cette vidéo reprend les différentes étapes de l’assemblage et de la livraison de l’appareil de Transavia qui m’a valu ce voyage aux USA :
Une fois toutes ces étapes validées, l’avion est capable de voler mais il n’est pas possible d’y transporter des passagers. Il va d’abord devoir passer entre les mains expertes de pilotes d’essais de Boeing puis de la compagnie Transavia, dont l’objectif est de valider le fonctionnement de chacun des systèmes de l’avion. Cette campagne d’essai en vol puis le retour vers la base de l’avion feront l’objet d’un deuxième article… Patience, il arrive très bientôt 🙂
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Pour ceux qui s’intéressent aux petits à-coté (choix des sièges, déco de l’avion…), je vous conseille la lecture de ce reportage de Sophie, blogueuse passionnée d’aéronautique qui était également du voyage : https://sophiefigenwald.wordpress.com/2018/05/03/3669/
Ping : Comment sont testés les avions neufs ? | Sécurité aérienne et peur en avion
cest superbe
J’ai trouvé un systéme pour inviter des morts en cas d’accident