Vous les avez déja peut-être vus en action lors d’incidents médiatisés : les pompiers sont très présents dans le monde de l’aéronautique. Les services de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs (ou SSLIA) sont obligatoirement présents sur les aéroports du monde, avec des moyens croissantes avec la taille et l’activité du site. Tous les aéroports recevant des avions de ligne doivent obligatoirement compter une équipe de pompiers capables d’intervenir à l’endroit le plus éloigné de la piste en moins de 3 minutes après le déclenchement de l’alerte ! Quand je me suis crashé en 2007 sur l’aéroport de Lorient (je volais alors dans l’armée sur l’avion de patrouille maritime Atlantique 2), les pompiers arrivaient vers nous au moment où nous ouvrions les sorties de secours : l’alerte avait été lancée par les contrôleurs aériens avant même la sortie de piste de notre avion.
La réglementation européenne (sur recommandation OACI) demande aux aéroports de tendre vers un délai ramené à seulement 2 minutes pour être en mesure de déverser la moitié des moyens d’extinction requis pour la catégorie de l’aéroport. Ce délai correspond à une des particularités des avions de ligne : ils sont faits pour résister 90 secondes à la combustion des réservoirs de l’avion, le temps d’évacuer tous les passagers sur la moitié des sorties de secours. Avec de telles exigences, le matériel est forcément incroyable : les canons de chaque véhicule déversent 6 tonnes d’eau ou de mousse par minute (jusqu’à 100L par seconde !) à une distance de 85 mètres… Le camion de pompier qui nous été présenté lors de notre visite à l’aéroport Paris-CDG roule d’ailleurs à 140 km/h malgré sont poids, avec des moteurs préchauffés en continu à 55°C pour pouvoir être exploités à leur maximum instantanément, sans caler. Étant donné la superficie de l’aéroport (3.257 hectares), deux casernes de pompiers sont implantées sur des points stratégiques de l’aéroport.
Les pompiers ont également des véhicules capables de projeter des pointes d’acier dont l’objectif est de « crever » la paroi d’un avion ou d’un container. Cela permet ensuite d’arroser le feu au travers du trou créé et éteindre l’incendie à l’intérieur de l’avion. Sur l’image ci-contre, on voit les impacts et les trous générés par cet équipement sur une paroi d’avion de ligne.
Vu la complexité des engins et la rareté des incendies, ces pompiers délite (recrutés parmi les pompiers volontaires, professionnels et militaires) subissent des entraînements très pointus. Ils doivent ainsi réaliser 97 formations chaque année afin de garder toutes leurs aptitudes et suivre un recyclage obligatoire tous les 3 ans. Ils ont également la chance de pouvoir s’entraîner très régulièrement sur des simulateurs de gestion d’incendie, comme on le voit sur ces photos.
Mais les missions des pompiers d’aéroport dépassent largement le cadre de la réponse à un incendie d’aéronef. Ils interviennent également sur l’ensemble du site et dans chacun des terminaux de l’aéroport de Roissy, avec la prise en compte de passagers qui ont subi un accident ou un malaise qui peuvent être transportés vers le petit hôpital de l’aéroport. Les pompiers interviennent également pour tout début d’incendie sur la plateforme. En complément de ces moyens pompiers, des équipes se sécurité incendie se relaient en continu dans chaque terminal. Depuis leur poste de sécurité, ils surveillent l’ensemble des détecteurs incendie du terminal et interviennent en premiers secours et demande le renfort des pompiers si nécessaire.
Ces règles sont exactement les mêmes dans tous les pays du monde, car ce sont les accords internationaux de l’OACI (l’ONU de l’aviation) qui s’appliquent. Si ces normes n’étaient pas respectées, l’aéroport serait tout simplement déclaré inapte à l’accueil d’avions de ligne internationaux. De la même manière, les aéroports côtiers doivent pouvoir assurer du sauvetage maritime avec des avions capables de déployer des canots de sauvetage. La France offre ainsi depuis plus de 50 ans ses moyens de sauvetage à l’Afrique de l’Ouest, avec le positionnement d’un avion de patrouille maritime tout au long de l’année sur la base de Dakar au Sénégal. Si la France arrêtait d’assurer cette mission de sauvetage en mer, plus aucun avion n’aurait le droit de venir se poser sur les aéroports se trouvant en bord de mer des pays entre le Maroc et le Nigéria.
Retenez une seule chose de cet article : tout est évidemment fait pour qu’aucun incident ne vienne perturber un vol, mais si par hasard quelque chose devait mal se passer, toute une chaîne de sauvetage est déja prêt à agir pour réduire les conséquences d’un accident. Volez donc heureux 🙂
Et encore un grand merci aux équipes de Paris Aéroport ainsi qu’aux membres du SSLIA pour leur accueil chaleureux !