Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, les avions s'usent plus rapidement lorsqu'ils ne volent pas que lorsqu'ils sont utilisés normalement et sont utilisés tous les jours. Lorsqu'il est nécessaire de les clouer au sol pour de longues périodes, s'ils sont interdits de vol (par exemple le Boeing 737 MAX) ou cloués au sol (grèves ou crise économique que nous sommes en train de vivre), il faut donc préparer les avions pour un repos prolongé dans les meilleures conditions possibles. Cela permettra aussi de faciliter les opérations de retour en vol lorsque cela deviendra possible.La première question (qui m'a été posée sur Twitter) est purement technique : "mais qu'est-ce qui peut bien s'user quand on ne s'en sert pas?!" Le premier élément est purement météorologique et toucherait tout ce qui passe trop de temps dehors : l'humidité et la pluie, le froid et la glace, des chaleurs extrêmes, la grêle, et même éventuellement la foudre, les dépôts de sable et de poussière, ou les insectes qui pourraient faire leur nid dans un petit espace... On cherche donc à abriter les avions dans des endroits les moins exposés possibles, par exemple en les plaçant "sous cocon" (notamment les avions militaires) ou en les stockant dans des zones particulièrement propices. C'est le cas du célèbre Pinal Airpark dans le désert du Nevada, un aéroport comprenant une piste mais aucun terminal pour passager utilisé par les compagnies nord-américaines pour stocker leurs avions. Une fois que l'avion est à l'arrêt, on protège tous les orifices : capteurs (tubes pitot, détecteurs de glace, pression atmosphérique, température), ouvertures techniques (système de pressurisation avec l'outflow valve, trappes de service...) et évidemment les portes d'accès.Une fois à l'arrêt, les batteries peuvent se décharger, des mécanismes peuvent perdre leur lubrification, les réservoirs de fluides peuvent se contaminer (eau, carburant, huiles...), des câblages peuvent se détendre et les pressions pourraient baisser (pneumatiques, circuits hydrauliques, systèmes d'amortisseurs des trains d'atterrissage). Enfin, certains systèmes de sécurité comme les extincteurs manuels ou des moteurs peuvent perdre en efficacité... Dernier détail : si l'avion reste trop longtemps sur place, ses roues finissent pas s'aplatir. On doit donc les déplacer régulièrement si l'on ne veut pas changer les pneus !Pour éviter ces nombreux désagréments et lorsqu'un retour en vol est prévu sous quelques semaines maximum, les compagnies aériennes choisissent souvent d'allumer régulièrement les différents systèmes pour les garder en parfait état de fonctionnement. Les Boeing 737MAX, que le constructeur pensait pouvoir faire revoler rapidement, avait donc choisi d'assurer une maintenance continue sur les avions afin de pouvoir faire repartir toute la flotte en seulement quelques jours lorsque cela s'avérerait possible. Concrètement, il fallait allumer l'avion et ses moteurs plusieurs fois par semaine, faire monter les systèmes en pression, lancer la climatisation... A l'inverse, lorsque l'on sait que les avions vont être parqués plus de 60 jours (comme c'est le cas pour les compagnies aériennes en ce moment), il faut totalement purger les réservoirs, extraire les bonbonnes d'oxygène, désactiver le circuit de pression hydraulique, on peut appliquer une sorte de cire de protection, et on les rend le plus hermétiques possibles... Tout cela pour pouvoir attendre la grande maintenance qui sera préalable au retour en vol.Sources :- Interviews de pilotes et de techniciens- Aircraft Maintenance Manual (AMM) chapitre 10 du Boeing 747