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Airbus A320-214 d'Air Asia
Photo peuravion.fr[/caption]
Un avion d'Air Asia transportant 155 passagers et 7 membres d'équipage entre la ville indonésienne de Surabaya et Singapour a disparu dimanche des écrans de contrôle.
Le vol QZ8501, un Airbus 320-200, a perdu le contact avec la tour de contrôle de Djakarta à 6h17 heure locale (23h17 GMT). Les autorités ont précisé avoir perdu le contact avec l'avion entre le port de Tanjung Pandan et Pontianak, une ville du le Kalimantan occidental située sur l'île de Bornéo. Avant de perdre le contact la tour de contrôle, l'avion a demandé l'autorisation de prendre de l'altitude et de passer de 32.000 à 38.000 pieds afin d'éviter une masse nuageuse. Dans son communiqué, AirAsia indique que l'avion a subi des opérations de maintenance le 16 novembre dernier.
Mise à jour 30/12 : Les débris de l'avion ont été repérés ce matin.
Explications et intervention sur le plateau de LCI le 30/12 à 13h :
Hypothèse 1 : le "coffin corner"
Plusieurs éléments font néanmoins penser à une dégradation rapide des conditions, de vol notamment l'absence de communication rapide après la demande de montée en haute altitude. L'avion avait décollé depuis environ 40 minutes lorsqu'il a demandé à pouvoir rejoindre le niveau de vol 380, soit 12 700m. Plus un avion vole haut, et plus son domaine de vol est étroit : c'est ce qu'on appelle le coffin corner, présenté dans ce schéma :
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Illustration du coffin corner : plus on vole haut, plus le domaine de vol se réduit[/caption]
L'avion a disparu environ 40 minutes après son décollage, cela signifie qu'il était encore chargé de la quasi totalité de son carburant. Plus un avion est lourd, plus le domaine de vol se réduit. Une hypothèse vient donc rapidement à l'esprit : l'avion lourd et vole haut, en limite de son domaine de vol... mais la compagnie Air Asia a annoncé que le changement d'altitude demandé par le pilote n'avait pas été autorisé. Hypothèse exclue ? D'autant qu'un tel décrochage sur un avion de ligne, bien que théoriquement possible, n'a jamais été observé sur un Airbus ou un Boeing... d'autant qu'un Airbus doit protéger son domaine de vol et refuser de se rapprocher de ces zones rouges...
Mise à jour 30/12 : Les données radars malaisiennes indiquent que l'avion a pris de l'altitude tout en réduisant sa vitesse avant de disparaître des écrans. Cela confirme l'hypothèse du décrochage lié à une trop faible vitesse. Par ailleurs, les débris ont été retrouvés à seulement 10km de la verticale du dernier écho. Un tel taux de descente est semblable à ceux observés dans une telle situation (crashs du West Caribean et du Rio-Paris).
Hypothèse 2 : l'explosion en vol
Cela fait des décennies que les avions n'explosent plus en plein vol, qu'il s'agisse d'une cause technique ou d'un attentat (aucun attentat explosif n'a été perpétré depuis les années 80 malgré les nombreuses tentatives), mais une rupture si soudaine des communications fait néanmoins penser à ce type de situation. En cas de panne électrique, de panne des moteurs ou de toute autre situation imaginable, les pilotes sont capables de planer des dizaines de minutes sur des centaines de kilomètres. On ne peut imaginer une telle situation sans qu'un pilote n'avertisse de sa situation, ne serait-ce que par un signal de détresse. La fin instantanée des communications laisse néanmoins cette éventualité ouverte.
Mise à jour 30/12 : Cette hypothèse est exclue : les débris de l'avion se trouvent dans une zone réduite, l'avion est donc bien arrivé à l'eau en un seul morceau. Si l'avion avait explosé en vol les débris seraient éparpillés sur une zone bien plus large.
Et donc ?
Et donc, une fois de plus, il faudra attendre... si l'on retrouve les boites noires rapidement, si elles fonctionnent, alors on aura des éléments techniques précis et des réponses. En aéronautique comme dans tous les moments de nos vies, il n'existe jamais de risque zéro, et il faut travailler pour rationaliser la situation avion (les techniques cognitives vues en stage y contribuent). Les événements aéronautiques sont rares et très médiatisés, mais ils ne doivent en rien changer vos habitudes. Aujourd'hui comme tous les jours, il y a eu environ 3 600 morts sur les routes. Un accident isolé, aussi dramatique soit-il, ne signifie pas que les avions posent des problèmes, et si vous renoncez à un voyage en avion au profit d'un autre moyen de transport, le risque sera TOUJOURS plus important. Le risque en avion est tout simplement acceptable à défaut d'être nul. Ou tout du moins, il est encore plus acceptable qu'en voiture. Nous en sommes à 7 accidents mortels pour cette année 2014, en incluant tous les vols classiques pour les avions de plus de 2,25 tonnes transportant 14 passagers et plus, ce qui comprend même les listes noires ! Pour plus de 30 millions de vols et 3 milliards de passagers transportés, ce chiffre est négligeable. Soyez simplement convaincus que tout le monde, personnels navigants, avionneurs, compagnies aériennes, ingénieurs, enquêteurs, tout le monde fera le maximum pour maintenir le niveau de sécurité observé qui continue à s'améliorer, après après année.