Quel est l’effet des anxiolytiques sur la peur de l’avion ?

Accueil
Quel est l’effet des anxiolytiques sur la peur de l’avion ?
Conseils utiles
Blog Date Icon
1/10/24 11:37
Blog Author Icon
Velina Negovanska

Ecrit le 16 Juillet 2015

Selon une étude menée par Barbara Rothbaum et son équipe de chercheurs, environ 20% des passagers de chaque avion auraient recours à l’alcool ou à la médication pour essayer d’apaiser leur peur de l’avion…

D’après les recherches du CTPA portant sur plus de 2500 sujets, ce sont 60% des personnes ayant peur de l’avion qui ont déjà testé un médicament en vol, alors que leur efficacité n’a été jugée favorablement que dans 12% des cas !

Ce sont généralement les anxiolytiques qui sont utilisés mais de nombreux cas d’effets négatifs sont identifiés.

Une étude réalisée par Wilhelm et Roth est à ce titre particulièrement intéressante.

Les chercheurs sont partis de l’hypothèse que le médicament avait pour but de passer un vol moins désagréable que d’habitude, ce qui permet petit à petit de ne plus avoir d’anxiété en vol, puis de se débarrasser progressivement des médicaments. Ils ont donc demandé à deux groupes de personnes ayant peur de l'avion de réaliser deux vols à une semaine d’intervalle en prenant à chaque fois une pilule avant le décollage.

- Avant le premier voyage, la moitié des sujets recevaient une dose de 1mg d’alprazolam qui est la molécule du xanax, alors que le deuxième groupe recevait un simple placebo. Chaque passager a pris l’avion avec un appareil permettant de mesurer plusieurs constantes physiologiques comme le rythme cardiaque ou la vitesse respiratoire. Les résultats ont été un vrai choc.

Le rythme cardiaque du groupe qui avait reçu un vrai médicament était de 114 battements par minute, alors qu’il n’était que de 105 pulsassions par minute dans le groupe n’ayant reçu qu’un placebo ! Pourquoi un tel résultat ?

Apparemment, les médicaments auraient pour effet d’empêcher le fonctionnement normal du cortex, alors que c’est justement le cortex qui doit rester fonctionnel pendant le vol pour essayer de se rassurer. C’est en effet le cortex qui « connait » les statistiques de la sécurité aérienne et les informations rassurantes, alors que le cerveau des émotions est pour sa part chargé négativement par les expériences précédentes désagréables, les événements aéronautiques médiatisés ou les films catastrophes…

En éteignant le cortex, le médicament laisse encore plus de place au cerveau des émotions et à l’amygdale cérébrale, et ce sont alors encore plus les pensées catastrophes qui prennent le dessus, avec ses effets physiologiques comme le cœur qui accélère. Au final, les personnes médicalisées sont celles qui ont passé le vol le plus désagréable.


Une semaine après cette expérience, un deuxième voyage était réalisé, mais personne ne recevait plus de médicament ni de placebo. Dans le groupe qui avait pris un anxiolytique au premier vol, le rythme cardiaque a encore augmenté, passant de 114 à 123 pulsations minutes. Pour le groupe placebo, le constat inverse a été réalisé, le rythme cardiaque moyen s’abaissant à « seulement » 98 pulsations minutes.

Il est intéressant également d’analyser les crises de panique. La proportion de personnes du groupe xanax ayant subi une crise de panique n’était que de 7% dans le premier vol, alors qu’il était de 43% dans le groupe placebo. Dans le deuxième vol non-médicalisé, 71% du groupe xanax a eu une une crise de panique, alors que la proportion n’était plus que de 30% dans le groupe placebo…

Plusieurs conclusions à cette étude :


– l’anxiolytique a pour effet secondaire de laisser le rythme cardiaque monter plus haut, mais il bloque par contre la crise de panique dans la majorité des cas… au final, la sensation physiologique a été plus forte et on croit que c’est le médicament qui a permis de maîtriser la situation ! En passant un plus mauvais vol qu’en l’absence de traitement, le cerveau est encore plus traumatisé, et certains psychologues pensent même que l’anxiolytique accélérerait l’apparition de chocs traumatiques !


– l’anxiolytique bloque la crise de panique dans la majorité des cas, mais la situation empire très fortement dès que l’on ne peut pas le prendre. A l’inverse, les personnes qui ne prennent pas de médicament peuvent s’habituent plus facilement (rythme cardiaque qui diminue progressivement et moins de crises de panique sur le long terme).

Si l’on a surtout peur de faire une crise de panique, on peut penser qu’en prenant des anxiolytiques à chaque vol on passera un vol désagréable mais que l’on évitera la bouffée d’angoisse… Sauf que l’efficacité du médicament décroit avec le temps, laissant de plus en plus de crises dominer le médicament, et l’effet secondaire est un renforcement de l’anxiété précédant chaque vol ! Après plusieurs voyages, l’anxiété anticipée devient suffisamment forte pour décider de totalement éviter l’avion.

Les somnifère n’ont malheureusement pas de meilleurs résultats. N’oubliez pas que la peur est liée avant tout à des pensées négatives automatiques comme « les turbulences sont dangereuses » ou « une petite panne et c’est la catastrophe »… Mais tant que ces pensées sont présentes, le cerveau ne veut pas s’endormir ou se relaxer, il va lutter contre le médicament pour rester éveillé et alerte à tous les mouvements ou bruits jugés suspects…

Pour ce qui est de l’homéopathie ou des fleurs de bach, l’effet est identique à celui d’un placebo.

D’après toutes les études comparatives publiées, la solution la plus efficace contre la peur de l’avion reste de réaliser un stage complet comprenant à la fois l’intervention d’un vrai psychologue, des explications techniques puis l’utilisation d’un simulateur de vol de qualité professionnelle.

Les résultats du stage 3Prêt à décoller" proposé par le Centre de Traitement de la Peur de l’Avion sont ainsi très encourageants : d’après une moyenne réalisée sur 167 stagiaires, l’anxiété dans le premier vol qui suit le stage n’est plus que de 3,7/10 au lieu de 9/10 auparavant.

Et une chose est sûre, lorsque l’on n’a plus les pensées négatives automatiques, les médicaments peuvent faire effet, mais dans ce cas vous n’en avez plus vraiment besoin  

Autres ressources disponibles

Voici quelques autres ressources qui pourraient vous intéresser
blog Image
Blog Date Icon
1/10/2024 11:49
Blog Authr Icon
Velina Negovanska
blog Image
Blog Date Icon
24/9/2024 12:19
Blog Authr Icon
Velina Negovanska

Prêt à décoller ?

Surmontez votre peur de l'avion avec nos experts