Le survol de l'aéroport de Londres Gatwick par deux drones a entraîné la fermeture totale de l'aéroport pendant plusieurs heures et la perturbation des voyages de plus de 120 000 personnes. Les médias se sont beaucoup emballés sur cet épisode et ont largement surévalué le risque que représentent les drones, alors que les études sérieuses menées sont rassurantes.
Les avions de ligne sont conçus pour résister à un impact avec des oiseaux de 2 kg sur le pare-brise et de 4 kg ailleurs (moteurs, bords d'attaque...), alors que les drones publics dépassent rarement un kilogramme. On dénombre des milliers de collisions aviaires chaque année sans impact critique sur la sécurité aérienne.
Une longue étude menée par la FAA et ASSURE a testé l'impact entre un Boeing 737 et deux types de drones : un quadcopter (type DJI Phantom 2) et un drone à aile fixe (type PrecisionHawk). Plus de 200 simulations et tests réels ont été réalisés.
Les résultats sont rassurants :
Certains tests, largement médiatisés, montraient un bord d'attaque d'aile détruit, mais cela s'est produit à 380 km/h, une vitesse atteinte au-delà de 1 200 m d'altitude, alors que ces drones ne dépassent généralement pas 500 m. À basse altitude, un drone ne provoquera qu'une bosse sur l’aile, générant des coûts de réparation mais sans mettre l’avion en danger.
Les chercheurs ont aussi étudié les risques liés aux batteries. Elles sont totalement déchiquetées en cas d’impact à haute vitesse. Même lorsqu'elles restent bloquées dans un moteur à basse vitesse, elles n’ont pas déclenché d’incendie. De plus, un avion peut voler avec un moteur en moins, et les pilotes disposent d’extincteurs intégrés.
Une étude similaire de l’Agence de Sécurité Aérienne Européenne (EASA) en 2016 confirmait ces conclusions : le risque n’est préoccupant qu’au-delà de 10 000 pieds avec des drones de grande taille. Lire le rapport complet ici.
En aéronautique, la sécurité prime sur toute autre considération. Tant que les tests ne sont pas officiellement validés et que les avions ne sont pas certifiés pour supporter des collisions avec des drones, la règle de prudence maximale s'applique. À Gatwick, des moyens de détection militaire ont été déployés en urgence pour permettre la réouverture.
Les drones sont difficiles à détecter car leur surface radar est trop faible. Les solutions actuelles combinent :
Ce système, conçu par la DSNA et Thales, est déjà utilisé sur des aéroports comme Paris-Charles de Gaulle, permettant d’anticiper les menaces avant même qu'un pilote ne les remarque.
Si la détection des drones est en progrès, leur interception reste complexe. Des brouilleurs peuvent couper la communication entre le drone et son télépilote, mais risquent d’entraîner une chute incontrôlée, ce qui pose problème en zone urbaine ou sur un aéroport.
Plusieurs méthodes d'interception sont testées :