Y a-t-il un risque à prendre l'avion pendant une tempête ?

Il y a quelque temps, au cours d'une vague de froid, de nombreux stagiaires s'étaient inquiétés de devoir voyager alors que des températures négatives et des chutes de neige étaient prévues (article à lire ici). La succession de tempêtes observée sur l'Europe depuis quelques semaines relance les craintes, notamment quant aux dangers du vent lors du décollage ou de l'atterrissage.

Chaque avion possède des limites de tolérance au vent qui vont dépendre de nombreux facteurs (type de l'avion, son poids, largeur et humidité de la piste…). Quand le vent est aligné avec la piste, il n'y a aucun problème, c'est le vent de travers qui impose des limitations.

• Le Boeing 737-800 (ex: Transavia, Ryanair) :
  • Décollage avec un vent de travers de 33 nœuds (60 km/h) sur piste sèche.
  • Décollage avec un vent de travers de 27 nœuds (50 km/h) sur piste mouillée.
  • Atterrissage avec un vent de travers de 33 nœuds sur piste sèche.
  • Atterrissage avec un vent de travers de 30 nœuds (55 km/h) sur piste mouillée.
• Un Airbus A320 classique peut supporter jusqu'à 38 nœuds, mais un A320 avec des sharklets (courbes en bout d'aile) a une limitation plus basse.
• Le Boeing 777 peut atterrir avec un vent travers à 40 nœuds (74 km/h).

Il y a ensuite d'autres limitations qui peuvent venir de la piste, notamment lorsqu'elles sont plus étroites que la moyenne. Par exemple, la piste de l'aéroport de Londres City est connue pour être étroite (30 mètres de large contre 45 m habituellement). Dans ces conditions, le vent de travers ne peut jamais dépasser 25 nœuds (46 km/h), quel que soit l'avion considéré !

Bref, si les rafales sont inférieures à 50 km/h de vent, il n'y a jamais de question à se poser. Si ces 50 km/h viennent totalement de travers, alors certains vols seront annulés. Mais si le vent est bien de face par rapport à la piste, alors il n'y a pour ainsi dire pas de limite !

Les vols prévus peuvent être affectés de plusieurs manières :

• Si l'aéroport est fermé, les vols au départ et à l'arrivée sont annulés.
• Si l'aéroport ferme alors que des avions sont en route, ils sont déroutés vers des aéroports où les conditions sont meilleures.
• Si le vent est juste en dessous des limites (ex: 45 km/h pour une limite à 50 km/h), l'avion tentera probablement un atterrissage.

Si l'atterrissage est possible, l'avion réalisera une approche en **crabe** : il arrivera légèrement de travers et se réalignera juste avant de toucher le sol. Voici un exemple en vidéo :

Mise à jour :

Le vent peut faire des rafales, mais il ne change pas d'angle à 90° instantanément. Les pilotes sont assistés par la tour de contrôle et reçoivent une météo précise en approche.

Une autre question souvent posée : "J'ai trouvé votre article sur le vent très intéressant/rassurant, mais qu'en est-il des orages ?"
Réponse dans cet article : Comment les avions évitent-ils les orages à l’atterrissage ?

Il est possible de ressentir des accélérations ou des turbulences dans ces conditions, mais elles sont simplement dues aux réactions de l’avion et aux corrections des pilotes. Ne renoncez jamais à un vol à cause du vent : si le vent dépasse les limites, **c'est l'aéroport, la compagnie ou les pilotes qui prendront la décision d'annuler ou de dérouter le vol.** Profitez du vol et de l'admirable manœuvrabilité des avions modernes 😉.

Exemple d'atterrissage vent de travers :